Une vie peu banale

Leila S. Bikerland & S. Johann Edvardsen

Tant de personnes voudraient ne pas avoir une vie banale, ne pas savoir de quoi serait fait demain et éviter ce fameux "métro, boulot, dodo.." Mais finalement était-ce si terrible que cela ? Leila rêvait d'une vie pleine d'action, ne pas rentrer chez elle en sachant déjà ce qu'elle ferait le lendemain et maintenant, elle le regrettait déjà. Elle ne regrettait pas d'être partie de chez ses parents adoptifs bien sûr, bien au contraire, elle savait que ce n'était pas la vie qui lui fallait et elle commençait vraiment à en avoir par dessus la tête de toutes ces mondanités et d'avoir toujours peur de ce qui "il" ou "elle" pourrait penser de sa famille. Surveiller le moindre de ses faits et gestes ? Très peu pour elle, elle voulait vivre comme une jeune fille de son âge, sortir le soir, avoir des peines de cœur, faire quelques conneries même parfois.. Rien de plus naturel n'est-ce pas ? Et puis Leila était une aventurière, elle n'avait peur de rien et savait qu'elle pourrait se débrouiller, même seule et sans un sous. Ah l'adolescence ! On se sent invincible, prêt à tout et au final on est bien plus faible qu'on le croit.. La miss avait eu une période très difficile lorsqu'elle s'était retrouvée à la rue, sans endroit pour dormir, avoir pour seul but de retrouver des parents dont elle ignorait tout, même si ils accepteraient de la voir ou non.. Si elle avait eu de quoi se payer un billet de train tout aurait été plus simple mais la situation était bien plus compliquée que ça et elle avait mis bien plus longtemps que prévu pour pouvoir rejoindre Oslo, risquant même sa vie pour un rêve complètement fou.

Heureusement pour elle, lorsqu'elle était arrivé dans la ville de ses espérances, elle avait immédiatement fait une rencontre aussi belle qu'improbable : un policier du nom de Johann Edvardsen. Elle l'aimait bien cet homme, qui avait accepté de la prendre sous son aile un moment, lui proposant même de venir s'installer chez lui le temps de trouver un solution. Elle l'aimait bien mais pourtant elle restait plutôt méfiante à son égard, après tout c'était un policier et elle avait peur qu'il finisse par la "dénoncer", ce qui aurait pour conséquence, elle le savait bien, de devoir retourner dans cette famille qu'elle préférait oublier. Bref, toujours est-il qu'elle se sentait encore quelque peu mal à l'aise chez cet homme qu'elle ne connaissait pas et même si elle mettait toute la bonne volonté qu'elle pouvait pour l'aider dans les diverses tâches de la maison, elle était encore réservée par rapport à lui et n'avait encore réussi à lui démontrer l'affection qu'elle avait pour lui, celui qui l'avait hors de tous les espoirs de la jeune fille, sortie de la rue.

C'était un samedi aux alentours de 19h, Leila était resté dans la maison du policier toute la journée, elle n'était pas vraiment d'humeur à sortir, elle avait une petite baisse de moral à-vrai-dire, désespérée de se rendre compte que se serait vraiment un miracle si elle retrouvait ses parents. Emportée par son enthousiasme, elle était partie sûre d'elle et sereine mais pourtant, à présent, elle ne savait par ou commencer dans ses recherches, elle ne connaissait rien d'eux et ne savait même pas s'ils habitaient encore cette ville.. Il ne fallait pas se faire d'illusions, c'était tout bonnement impossible pour elle de retrouver leur trace. Qu'allait-elle faire à présent ? Elle n'allait pas rester éternellement chez cet homme, elle abusait déjà assez de son hospitalité.. Et puis elle n'avait aucune ressource donc aucun moyen de se trouver un toit par elle-même..

Allongée sur le lit de la chambre d'amis, elle restait pensive et profondément meurtrie en pensant au futur, futur qui lui paraissait à présent si flou et à la fois si sombre.. Johann travaillait ce jour-là et n'allait certainement pas tarder à rentrer, ce qui ne changerait probablement pas grand chose en sachant que Leila n'allait sûrement pas descendre de la chambre ce soir-là, elle n'avait pas envie de se montrer dans cet état-là et n'avait pas d'appétit de toute façon.

Elle finit par s'asseoir, glissant sa main sous sa couette pour attraper son ours en peluche qu'elle gardait précieusement depuis sa naissance, peluche qui était à présent en piteux état mais dont elle ne se débarrasserait pour rien au monde. Assise en tailleur, elle le fixa un moment, laissant couler une larme sur ses joues. Cet ours elle l'avait déjà à l'époque ou elle vivait encore chez ses parents (ou du moins son père), elle aurait tellement voulu les retrouver.. Qu'est-ce qu'elle avait été naïve de tout plaquer d'un coup pour un rêve impossible..